Saint-Sauveur avant Saint-Sauveur
L’actuel territoire de la commune de Saint-Sauveur, traversé par l'Automne, jadis zone frontière entre les gaulois Suessions et Silvanectes, a livré à la curiosité des archéologues plusieurs sites d’importance, tant préhistoriques qu’antiques...
Quelques traces de nos très lointains ancêtres préhistoriques, du Paléolithique inférieur et du Mésolithique, ont pu être repérées au lieu-dit La Michelette. Au lieu-dit La Prévôtée, La Tête aux Anglais, Marcel Hémery, dans l’Entre-deux-guerres, a reconnu un "camp" fortifié, c’est-à-dire un éperon barré d’un rempart doublé d’un fossé, occupé au Néolithique, à l’âge du Bronze et jusqu’aux temps gaulois. Quoique réexaminé par M. Jean-Claude Blanchet il y a quelques années, il est cependant difficile de déterminer l’usage d’un tel lieu, assurément variable sur plusieurs millénaires.
Route du Hazoy, près de la source du ru du Moulineaux, les traces d’une petite localité gallo-romaine prouvent l’activité de nombreux potiers : fours, dépotoirs, maisons pourvues de caves…
Dans ces ruines, le 18 août 1968 a vu la découverte d’un trésor monétaire romain rassemblant 196 antoniniani, pièces d’argent caractéristiques de la première moitié du IIIe siècle, à l’effigie d’une quinzaine d’empereurs et d’impératrices de cette époque tourmentée.
Hors ces deux sites habités de longs siècles, le sol de Saint-Sauveur a livré d’autres traces d’un lointain passé. Le musée Antoine Vivenel de Compiègne s'est vu offrir en 2002 un statère d'or des Gaulois suessions, du IIe siècle avant notre ère, découvert fortuitement dans un jardin de la commune. A La Sente aux poireaux, a également été trouvée vers 1875 une rare cuiller en corne, décorée de cercles, d’époque mérovingienne, depuis lors exposée au musée Antoine Vivenel de Compiègne.
Eric BLANCHEGORGE
Conservateur en chef Musées des Villes de Compiègne et Crépy-en-Valois